« […] au-delà d’être la terre d’accueil du CIO, Lausanne est une ville qui partage nombre de valeurs communes avec l’esprit olympique. Amitié, excellence et respect façonnent ses aspirations dans des domaines aussi divers que la formation, les relations sociales ou le développement urbanistique. Son rayonnement actuel et la place qu’y occupe le sport, avec toutes les retombées positives que cela suppose, doivent une fière chandelle, ou plutôt une véritable flamme, aux liens étroits tissés depuis un siècle avec le CIO. », Dépliant officiel de la ville accompagnant les festivités « 100 ans ensemble »
Affiche « weekend du centenaire », entre Ouchy et Vidy, dimanche 28 juin
Un weekend aux couleurs olympiques : c’est ainsi que j’ai passé une bonne partie de mon samedi et de mon dimanche. Pourtant aucune flamme olympique ne brûle en moi d’un feu ardent.
Vendredi lorsqu’un bruit sourd et régulier tel que celui produit par des feux d’artifice me poussa à regarder au dehors de la fenêtre de la pièce qui me sert de bureau, j’en conclus que cela devait être en l’honneur du CIO car je savais qu’un weekend de festivités serait organisé pour commémorer le centenaire de la venue à Lausanne de l’organisation fondée par le baron Pierre de Coubertin (cf le billet que j’avais écrit en avril).
« The Olympic Games, the Olympic Spirit »
Pourtant il n’était nullement dans mon intention de me rendre aux festivités car je voyais le mouvement olympique plutôt d’un mauvais œil, en partie à cause de la direction que ce mouvement a prise depuis les Jeux de Los Angeles, en partie à cause de plusieurs éléments négatifs que j’associe à l’Olympisme (culte de la performance, fétichisation des vainqueurs, sport spectacle, rivalité entre nations, chauvinisme et, finalement, gaspillage de ressources urbanistiques dans des projets à durée de vie fort réduite).
Sac « goodies » photographié à l’intérieur de l’ancien temple romain
Cette journée de dimanche passée à visiter tous les sites olympiques à Lausanne n’a très certainement pas suffit à éloigner ces doutes de mon esprit, loin de là. Cependant j’ai été amené à réviser mon point de vue initialement vraiment dubitatif quant à la pertinence de la présence même sur sol lausannois de cette institution sportive, de sorte que je considère maintenant que celle-ci constitue tout simplement un plus pour la ville et le canton. En effet, j’en suis arrivé à la conclusion que le comité international olympique contribue vraiment au rayonnement de Lausanne à l’étranger, probablement autant si ce n’est plus que ses institutions académiques (EPFL, Ecole hôtelière, université, etc.) ou instituts actifs dans le domaine médical (CHUV, centres de recherche contre le cancer ou en sciences de la vie). En outre, le comité international olympique ainsi que les nombreuses autres associations sportives internationales établies à Lausanne génèrent des retombées économiques énormes pour une ville à l’économie malheureusement insuffisamment diversifiée pour maintenir de telles infrastructures (institutions académiques, hôpitaux, etc.) et garantir les prestations sociales que Lausanne offre.
Mais comment en suis-je arrivé à adopter un point de vue presque totalement opposé à ce que je pensais encore cette après-midi ?
Tentative d’ajouter quelques anneaux solaires aux anneaux olympiques 😉
La réponse lorsque j’aurai retrouvé l’énergie nécessaire pour poursuivre la rédaction de ce billet car je suis extrêmement fatigué après une journée consacrée presque exclusivement à la marche pour me rendre depuis chez moi jusqu’à la « Villa Mon Repos » et ensuite à chaque site olympique figurant sur la liste des festivités « 100 ans ensemble » !
« 100 ans ensemble » : Hôtel de Ville, Mon Repos, Musée et Casino de Montbenon
Le tout premier drapeau olympique, confectionné à Paris en 1913, Musée du CIO
Stade Pierre de Couberin, 28 juin ; quelle belle surprise : une nouvelle piste
Maison du Sport International, 28 juin
« 100 ans ensemble », CIO
Retour du balancier (29 et 30 juin) :
Coré à la colombe, statue de la paix, siège du CIO
Je dois dire que déjà très tôt le lendemain des festivités du centenaire je me réveillai et me retrouvai accablé par des doutes très forts. C’était comme si mon esprit anti-olympique avait été mis en sourdine presque complètement par la gentillesse des membres (ou bénévoles ?) du CIO rencontrés à chaque site. Ou était-ce tout simplement les nombreux slogans à la gloire du mouvement, lus ci et là, qui avaient reformaté mon esprit quasi inconsciemment ? Par exemple, comment résister à une apologie aussi adroite que cette description de la flamme olympique : « Pure et vivante, elle fait rayonner les messages de paix, d’unité et d’amitié » ? (Musée Olympique) Ou à cette magnifique Coré à la colombe (statue de la paix), disposée en face de l’entrée du siège du CIO (photo juste au-dessus).
Dans mon élan de remise en question, voici les lignes que je pondis tôt hier matin :
Dans son essence, le mouvement olympique glorifie l’effort physique dans un contexte de lutte ou de compétition des corps. Tout comme leur lointain pendant historique, les jeux organisés entre les cités grecques, toujours en guerre les unes contre les autres, les jeux olympiques actuels remplissent une fonction belliciste inavouée : pour un pays, participer aux jeux olympiques, c’est avant tout la possibilité de remporter des victoires (se glorifier, raffermir son nationalisme ou son image sur la scène internationale, etc.) sans avoir à subir de « casse » (hécatombe en vies humaines).
Les jeux renforcent l’inégalité : les pays qui brillent aux Jeux sont les plus « forts » ou les plus riches – très souvent les deux. Même si un petit pays parvient à récolter une foison de médailles, par exemple la Norvège aux jeux d’hiver, et ainsi à tutoyer les « grands », c’est avant en tout en raison des moyens engagés – n’oublions pas que la Norvège figure parmi les pays les plus riches du monde.
En fait, aujourd’hui mardi 30 juin, je ne sais pas très bien quoi penser… Je crois donc que je vais laisser la rédaction de ce billet là où se trouve mon esprit (en ce qui concerne quoi penser du CIO) : au point mort.
Billet initial (publié dimanche matin) :
100 ans d’Olympisme à Lausanne, cela se fête ! Source : impression d’écran du site officiel de la ville de Lausanne (www.lausanne.ch)
Même le Président du CIO était de la partie hier, ici à la « Villa Mon Repos » ; peut-être que je le croiserai à nouveau aujourd’hui. D’ailleurs il est grand temps de me rendre aux autres lieux commémoratifs que je n’ai pas visités hier. Plus dans quelques heures.
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