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La plupart des gens acceptent de se déplacer dans un corps en friche qui n’a pas été contrôlé depuis des lustres alors qu’ils refuseraient catégoriquement de voyager dans un avion qui n’a subi aucun entretien ni aucune vérification depuis dix ans.

Jean-Pierre de Mondenard, Running Attitude, No 127, novembre 2012

J’avais promis à Patricia lors de la course Wasimolo que je m’inscrirais à la Course du Duc (course de 17,5km qui retrace le parcours des troupes savoyardes en 1602 de Reignier aux Parc des Bastions à Genève et qui, pour sa troisième édition, sera courue de nuit pour la première fois* le vendredi 30 novembre). Etant donné que plus de la moitié du parcours se trouve en territoire français, la course doit se conformer à la législation de ce pays, laquelle exige un « certificat médical de non contre-indication à la pratique de la course à pied en compétition » pour les courses à partir de 10 km (est-ce pour tenter de limiter le nombre de décès de sportifs amateurs par mort subite? Celui-ci étant en effet assez important en France – cf liens tout en bas).

Le règlement de la Course du Duc est formel : mon inscription devient caduque si un certificat médical ne leur est pas fourni d’ici le 20 novembre. Mais où obtenir un certificat médical d’aptitude à la pratique de la course à pied, daté de moins d’une année ? Après avoir tenté de trouver la réponse à cette question à l’aide d’un moteur de recherche, je me suis dit que le plus simple serait de contacter le centre de médecine du sport du CHUV à Lausanne.

Il y a plus de deux ans, après m’être mis à courir plusieurs fois par semaines sur une période qui dura un peu plus de six mois, je me retrouvai souffrant affreusement d’une fasciite plantaire. Dans un premier temps, j’essayai d’atténuer la douleur par l’application de glaçons (à l’aide d’une poche conçue à cet effet) et d’une pommade anti-inflammatoire mais sans trop de succès. Suite à quoi, je décidai de prendre rendez-vous pour consulter un spécialiste au centre de médecine du sport du CHUV. Bien m’en a pris car le médecin qui me prit en charge, le Dr Gérald Gremion, attribua ma fasciite plantaire à mes pied plats et me prescrivit des semelles orthopédiques pour la course à pied. Je les ai portées presque religieusement depuis et, hormis deux ou trois épisodes très brefs, je n’ai plus du tout souffert de douleur imputable à une fasciite plantaire.

Au pifomètre, je tapai http://www.chuv.ch dans la barre d’adresse de mon navigateur web et non seulement ce fut la bonne adresse mais un bandeau pointant sur la page d’accueil Internet du centre de médecine du sport du CHUV apparut :

Le document au format PDF référencé sur cette page informe le lecteur que le centre de médecine du sport du CHUV à Lausanne propose de nombreux tests : examens généraux, tests de force et de performance, dépistage de contre-indications à la pratique sportive ainsi qu’identification et correction des facteurs prédisposant aux blessures, examens en vue de l’élaboration de programmes d’entraînement et j’en passe bien d’autres évidemment.

Pour ma part, je décidai de demander de faire le nécessaire pour obtenir un certificat médical de non contre-indication à la pratique de la course à pied en compétition : soit un entretien, une auscultation de la cage thoracique à l’aide d’un stéthoscope et, pour conclure, un électrocardiogramme à l’effort et non pas au repos. Je voulais en effet en avoir le coeur net en ce qui concerne les douleurs pariétales que j’avais ressenties un soir après une journée particulièrement frustrante au travail (même si les examens que j’avais faits le lendemain avaient écarté tout risque d’un malaise cardiaque).

Après un entretien, une auscultation thoracique à l’aide d’un stéthoscope et la prise de mon pouls par une charmante doctoresse de Belgique en remplacement à Lausanne, je passai dans l’autre salle pour la pièce de résistance de ma consultation : l’électrocardiogramme d’effort sur bicyclette. Malheureusement, probablement troublé par la jolie doctoresse, j’oubliai de prendre mon Nokia Lumia avec moi (voir les photos prises avec lors de la 31 édition de la course Wasimolo) dans la salle de tests après m’être changé en tenue de sport et je n’ai donc aucune photo à montrer de ma séance au centre de médecine du sport du CHUV.

Mais avant le test d’effort sur bicyclette ergométrique ma pression artérielle fut prise ainsi que mon poids et ma taille. Afin de faciliter le maintien des deux électrodes que l’on allait me placer sur la poitrine, j’eus droit au passage d’une bande d’épilation à deux reprises … Drôle de sensation que se faire épiler deux bouts de sa poitrine par une représentante du sexe opposé pour la première fois !

(I hope Lode and Welch Allyn will not mind that I posted pictures of their products here without having obtained their prior consent) 

Une fois les dix électrodes fixées à ma cage thoracique, lesquelles étaient reliées à un ordinateur afin d’enregistrer le travail de mon cœur avant, pendant et après l’épreuve, je pris place sur l’un des trois vélos disposés dans la salle, un Corival de la marque néerlandaise Lode (le tapis roulant qui était situé à ma droite n’étant utilisé que pour le diagnostic, orienté performance, de la consommation maximale d’oxygène car les électrodes ont tendance à se maintenir moins bien lors d’un exercice sur cet appareil en raison des mouvement des bras et du tronc). Ensuite, on me demanda de pédaler quelque tours afin de m’échauffer, puis ce fut le commencement de l’examen d’effort proprement dit.

Le but d’un test d’effort est de déceler des troubles cardiaques ou une hypertension artérielle potentiels lorsque le coeur est sollicité de façon plus intense, par exemple lors de la pratique de la course à pied en compétition. Le test est conçu de la sorte que la résistance opposée au pédalage augmente par palier d’une à trois minutes. L’infirmière m’avait demandé (si je me souviens bien) de maintenir un rythme de 70 à 90 rpm (rounds per minute, tours minute). Je mis un point d’honneur à ne pas descendre en dessous de 92 tours minute de sorte que l’infirmière me demanda même à plusieurs reprises de modérer mon allure. Vers la quinzième minute avec l’application d’une résistance s’approchant du maximum, j’étais en dessous de 70 tours minutes et vers la fin de l’exercice, après avoir gravi l’équivalent d’une pente bien raide, je me maintenais avec beaucoup de peine à 62 tours minute.

Le but de l’exercice ayant été atteint, soit un maintien de l’effort jusqu’au seuil de la fatigue avec enregistrement en continu de mon rythme cardiaque (lequel était visible en tout temps sous forme d’électrocardiogramme sur écran) et prise régulière de ma tension artérielle, il me fut demandé de continuer à pédaler encore quelque temps afin de ne pas arrêter brutalement l’effort. Un dernier passage de mon bras gauche dans le sphygmomanomètre (pour la mesure de ma pression artérielle, laquelle était scrupuleusement reportée dans le logiciel par une charmante assistante universitaire) et voilà l’exercice était terminé.

Un peu moins d’une dizaine de minutes après, ce fut au tour de la charmante doctoresse de me confirmer que le test s’était bien déroulé en me présentant un certificat médical de non contre-indication à la pratique de la course à pied en compétition :

Certificat médical de non contre-indication à la pratique de la course à pied en compétition

Près de dix jours se sont écoulés depuis cet examen, même si dans l’intervalle j’ai repris les entraînements (j’en ai fait six), je dois avouer que ce n’est pas à l’intensité que j’escomptais (visite chez mes parents, brouillard le soir, disponibilité réduite à midi au travail, etc). C’est pourquoi je caresse l’idée de retourner au centre de médecine du sport du CHUV à Lausanne car je sais que si je veux vraiment progresser au marathon je pourrai ainsi me faire établir un programme d’entraînement adapté à mes possibilités. Ayant visionné plusieurs fois le beau documentaire du coureur amateur Alex Vero sur sa tentative de se qualifier aux JO de Beijing pour le marathon, je sais qu’il faut mettre toutes les chances de son côté (un extrait de ce documentaire en anglais) :

Depuis avoir publié cette page, j’ai reçu la facture pour ma consultation (test d’effort sur vélo) au CHUV: CHF346.15. Cela a fait cher pour une participation à une course à pied (Course du Duc ; par contre le certificat médical est valable deux ans, ouf !), ne trouvez-vous pas ?

Même s’il est vrai que tout est cher en Suisse … les coûts de la santé le sont particulièrement. Vivement la nouvelle votation (fédérale) sur la caisse maladie unique !!!

* La Course de l’Escalade repart de plus belle (Tribune de Genève, 13 octobre 2011)

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